Résumé
De nombreux changements ont affecté l’évolution de la langue des signes de Belgique francophone (LSFB) suite à la diversification de ses usages dans la société, ce qui rend propice le développement de variétés stylistiques et l’apparition de distinctions liées au caractère formel ou informel des échanges
(Meurant et al. 2013). Dans ce contexte, notre travail se focalise sur la variation selon les registres de langue, l’un des enjeux étant de voir si ces registres émergents dans l’espace discursif se distinguent également du point de vue de leurs caractéristiques formelles. Dans les langues vocales, l’étude des
réductions phonétiques constitue, depuis les travaux de Labov en sociolinguistique (1966), un lieu stratégique de la description des registres de langue. L’importance des registres a également été mise en avant dans les travaux privilégiant une analyse phonétique des réductions (ex. Warner 2011, Hanique et al. 2013 et Ernestus et al. 2015). Plusieurs cas de réductions spécifiques aux langues signées ont été décrits mais la question des registres de langue n’y occupe pas une place centrale (ex. Lucas et al. 2001).
Nous nous intéressons à un phénomène de réduction phonétique observé dans plusieurs langues signées: la suppression de la main dominée dans les signes à deux mains ou weak drop (ex. Battison 1974, van der Kooij 2001, McCaskill et al. 2011, Paligot et al. 2016). Le choix de cette variable nous intéresse pour plusieurs raisons : (1) souvent présentée par les chercheurs comme étant propre aux registres informels, cette hypothèse n’a cependant jamais été testée sur la base d’un corpus conséquent ; (2) les variantes à une et deux mains des signes à deux mains peuvent être repérées à l’aide d’un traitement semi-automatisé des fichiers d’annotation, ce qui permet l’analyse d’un grand nombre de données.
Nous présentons une analyse de la répartition des variables à une et deux mains des signes à deux mains à travers l’ensemble des vidéos du Corpus LSFB annotées à ce jour, soit plus de 12 heures d’enregistrement (Meurant 2015). Nous présenterons l’influence du degré de spontanéité (spontané ou
planifié), du genre discursif (narratif, descriptif, argumentatif, explicatif, conversationnel) et du degré d’interactivité (interactif ou semi-interactif) sur la réalisation de la variable. Une régression logistique à effets mixtes indique que les facteurs « spontanéité » (p<.001) et « genre discursif » (p<.001) ont tous
deux une influence significative sur la réalisation des formes réduites. Celles-ci sont plus fréquentes dans les discours spontanés que dans les discours planifiés, un résultat que nous interprétons relativement au degré d’attention porté à la langue. Nous observons également que les narrations et les
conversations sont les genres discursifs qui se distinguent le plus au regard de l’usage des variantes à une et deux mains. Les narrations, qui constituent une forme discursive assez codifiée dans les langues signées, présentent moins de variables réduites que les conversations, plus proches de la langue parlée
au quotidien.
langue originale | Français |
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Etat de la publication | Publié - 25 mai 2018 |
Evénement | Journée linguistique 2018 - Université de Liège, Liège, Belgique Durée: 25 mai 2018 → … http://www.bkl-cbl.be/ |
Colloque
Colloque | Journée linguistique 2018 |
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Pays/Territoire | Belgique |
La ville | Liège |
période | 25/05/18 → … |
Adresse Internet |