Mémoire impériale et communication politique : mobiliser l'image des empereurs passés au siècle des Antonins (96-192)

Mon projet a pour objet l’utilisation des anciennes figures impériales par la communication politique des empereurs et l’appropriation de ce message par les communautés de l’empire sous les Antonins (96-192). Il vise ainsi à éclairer les stratégies de légitimation politique mises en place par le pouvoir romain. Pour ce faire, je retracerai l’évolution de la représentation des anciens empereurs au cours du IIe siècle, en décelant les périodes où un programme de communication politique centré sur le passé utilise ces figures, en évaluant la réception de ce message et en déterminant dans quelle mesure cette dernière a eu une influence sur les constructions ultérieures des messages mémoriels impériaux. Cette thèse m’amènera donc, pour étudier ces deux aspects, à mobiliser non seulement les textes littéraires, mais surtout les sources numismatiques et épigraphiques. Ma recherche s’inscrit ainsi à l’intersection de l’histoire de la mémoire et de l’histoire politique. L’étude de la memoria dans le monde romain est un courant de la recherche en plein essor, qui offre de riches perspectives. Mon projet se distingue cependant des études menées sur cette thématique par son approche politique de l’analyse des phénomènes mémoriaux. Il s’attache également à l’examen d’une période peu traitée dans cette optique (l’époque des Antonins), qui recèle pourtant un riche potentiel. Les résultats issus de l’étude menée dans cette perspective permettront d’inscrire ses conclusions dans des questions historiques plus larges. On sera en effet en mesure de déceler les circonstances qui invitent le pouvoir impérial à construire des références au passé afin de rassembler les populations et ainsi, peut-être, de nuancer une conception idéalisée du IIe siècle, en tant qu’âge d’or de l’Empire ; on pourra déterminer quand s’imposa chez les empereurs adoptés la conscience d'une lignée et quand leur légitimité dynastique devint centrale.