Résumé
Depuis sa création en 1499-1502, le retable majeur de la Sé Velha de Coimbra, consacré à la Vierge Marie, commandité par l’évêque D. Jorge de Almeida et sculpté par Olivier de Gand,exhibe toujours le chromatisme propre au XVIe siècle, faisant un usage abondant d’or et de bleu. La «dichromie» de Jean d’Ypres, caractéristique du Gothique flamboyant, a systématiquement été reprise sur l’oeuvre par la suite mais à des fins différentes : en 1582-1583, lors d’un nettoyage,pour réaffirmer le style du retable et en rafraîchir les couleurs ; en 1685, lors de sa repolychromie par Manoel da Costa Pereira à la demande de l’évêque D. Joao de Mello – à l’encontre des retables entièrement dorés de l’époque baroque –, pour réactiver les messages politiques et spirituels que ce mobilier véhiculait avant la Réforme protestante ; en 1900, pendant sa restauration, pour perpétuer son expression colorée alors jugée d’origine, toujours en harmonie avec son expression formelle et iconographique quasiment inaltérée. La conservation curative de 1976 a préservé l’ensemble. L’étude des couches stratigraphiques par différentes méthodes d’examen et d’analyse a mis en évidence les matériaux et techniques appliqués au cours de ces interventions successives. En croisant les données de laboratoire avec les archives disponibles, traités et réceptaires, nous avons démontré l’importance des options faites pour maintenir la fameuse dichromie originale, à chaque réaménagement de la cathédrale. Les qualités de l’encollage, des blancs d’apprêt, des carnations, bol et feuilles métalliques,sgraffito et autres couleurs sont précisées. L’attention est attirée sur le recours inhabituel au smalt en si grande quantité sur un retable, à la fin du XVIIe siècle, ses nuances de bleu ainsi que son polissage exigé par contrat. Du bleu de Prusse les a recouverts au XIXe siècle. Ces nouvelles connaissances permettent de faire une distinction entre la polychromie originale gothique, qui jouait sur des contrastes de textures et de brillances avec les ors à l’eau, à l’huile et l’azurite mat, et la repolychromie baroque totalement resplendissante entre l’or et le smalt brunis. Notre recherche s’est également attachée aux décors en relief qui reproduisent les patrons de riches étoffes brochées. Leur épaisseur et leur rendu technique différencient les «brocarts-appliqués» du XVIe siècle des «brocarts d’application» du XVIIe. Ils introduisent de subtils changements esthétiques au Baroque, sans modifier profondément notre perception d’un retable gothique.Sa polychromie, comparée à quinze sculptures du diocèse, reste atypique et porte ce trésor national au rang de Chef-d’oeuvre.
langue originale | Français |
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Diplôme | Ph.D. |
L'institution diplômante |
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Superviseur(s)/conseiller |
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la date de réponse | 1 janv. 2010 |
Etat de la publication | Publié - 2010 |
Modification externe | Oui |