Abstract
En 1982, le philosophe anglais Stephen Toulmin publiait un article qui allait devenir très célèbre : « How Medicine Saved the Life of Ethics » . L’auteur y montrait comment, au milieu du 20ème siècle, la médecine a permis à la philosophie morale de se recentrer sur des éléments concrets de la réalité humaine, loin des arguties sémantiques dans lesquelles elle était alors en train de se perdre. Pour Toulmin, c’est en partant des situations concrètes du quotidien des soins que l’on pouvait au mieux répondre aux préoccupations éthiques des professionnels de la santé et du grand public. La rencontre de la médecine et de la philosophie par l’entremise de la casuistique a ainsi engendré la bioéthique, qu’il est plus simple ici de nommer « éthique des soins de santé », les deux termes pouvant être considérés aujourd’hui comme des synonymes .
En emboîtant le pas à Toulmin, ne pourrait-on pas suggérer l’hypothèse selon laquelle la pandémie de COVID-19, en dépit des innombrables malheurs qu’elle a provoqués partout dans le monde, pourrait avoir néanmoins suscité une saine remise en question de l’éthique des soins de santé ? Bien-sûr, il ne s’agit pas ici d’invoquer une quelconque action miraculeuse que la COVID-19 aurait exercé sur la culture éthique ambiante. Il faudrait plutôt parler d’un coup de pouce à un mouvement que la pandémie n’a certes pas initié mais qu’elle contribue largement à renforcer.
Comme ce fut le cas pour l’épidémie de grippe espagnole en 1918 qui décima en quelques mois des dizaines de millions d’êtres humains , l’histoire de la COVID-19 de 2020 ne se résume pas aux mesures sanitaires drastiques prises par les gouvernements du monde entier, à la gestion parfois chaotique des flux de malades, aux milliers de morts et aux terribles conséquences économiques qui en résulteront, mais évoque également un renouveau du regard critique que nous portons sur la maladie et les soins de santé.
Pour le montrer, nous soulignerons que les maladies infectieuses comme la COVID-19 ont longtemps laissé totalement indifférents les spécialistes de l’éthique des soins de santé jusqu’à ce que des fléaux comme le VIH-SIDA, le SRAS ou Ebola viennent les sortir de leur torpeur. Loin de cette apathie originelle, l’offensive du SARS-CoV-2 a immédiatement suscité l’intérêt de la communauté bioéthique, comme nous le verrons en évoquant deux articles importants. Les thèmes traités dans ceux-ci nous serviront alors de base pour esquisser la structure du renouveau paradigmatique que la pandémie semble susciter au cœur de l’éthique des soins de santé.
Trois lignes de force en lien avec ce renouveau seront évoquées dans cette contribution : le déplacement d’une conception individualiste de l’autonomie vers une approche plus relationnelle ; l’insistance sur notre responsabilité morale à l’égard de nos congénères ; une resocialisation de l’éthique des soins de santé qui passe par une réelle prise en compte des déterminants sociaux de la santé.
En emboîtant le pas à Toulmin, ne pourrait-on pas suggérer l’hypothèse selon laquelle la pandémie de COVID-19, en dépit des innombrables malheurs qu’elle a provoqués partout dans le monde, pourrait avoir néanmoins suscité une saine remise en question de l’éthique des soins de santé ? Bien-sûr, il ne s’agit pas ici d’invoquer une quelconque action miraculeuse que la COVID-19 aurait exercé sur la culture éthique ambiante. Il faudrait plutôt parler d’un coup de pouce à un mouvement que la pandémie n’a certes pas initié mais qu’elle contribue largement à renforcer.
Comme ce fut le cas pour l’épidémie de grippe espagnole en 1918 qui décima en quelques mois des dizaines de millions d’êtres humains , l’histoire de la COVID-19 de 2020 ne se résume pas aux mesures sanitaires drastiques prises par les gouvernements du monde entier, à la gestion parfois chaotique des flux de malades, aux milliers de morts et aux terribles conséquences économiques qui en résulteront, mais évoque également un renouveau du regard critique que nous portons sur la maladie et les soins de santé.
Pour le montrer, nous soulignerons que les maladies infectieuses comme la COVID-19 ont longtemps laissé totalement indifférents les spécialistes de l’éthique des soins de santé jusqu’à ce que des fléaux comme le VIH-SIDA, le SRAS ou Ebola viennent les sortir de leur torpeur. Loin de cette apathie originelle, l’offensive du SARS-CoV-2 a immédiatement suscité l’intérêt de la communauté bioéthique, comme nous le verrons en évoquant deux articles importants. Les thèmes traités dans ceux-ci nous serviront alors de base pour esquisser la structure du renouveau paradigmatique que la pandémie semble susciter au cœur de l’éthique des soins de santé.
Trois lignes de force en lien avec ce renouveau seront évoquées dans cette contribution : le déplacement d’une conception individualiste de l’autonomie vers une approche plus relationnelle ; l’insistance sur notre responsabilité morale à l’égard de nos congénères ; une resocialisation de l’éthique des soins de santé qui passe par une réelle prise en compte des déterminants sociaux de la santé.
Original language | French |
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Title of host publication | Covid-19 |
Subtitle of host publication | Reconstruire le social, l'humain et l'économique |
Editors | Christian Byk |
Place of Publication | Paris |
Publisher | MA Editions-Eska |
Pages | 95-106 |
Number of pages | 12 |
Volume | 2 |
ISBN (Print) | 978-2-8224-07205 |
Publication status | Published - 1 Nov 2020 |