Résumé
Mon étude doctorale s’inscrit dans la sociolinguistique historique et vise à identifier les différentes opinions publiques au sujet de la politique linguistique éducationnelle en Communauté germanophone de Belgique à travers une analyse du discours d’articles issus de différents journaux germanophones, une question qui n’avait pas encore été systématiquement étudiée auparavant. L’analyse a été effectuée en identifiant un certain nombre de topoi, que l’on peut définir comme modèles d’argumentation. Récemment, cette approche s’est avérée utile pour des études concernant les minorités linguistiques, parmi lesquelles le Canada et la Suisse.En ce qui concerne la politique linguistique éducationnelle, ma thèse se limite à l’analyse des différentes opinions au sujet du maintien du langage et de l’acquisition de langues secondaires. En effet, le français est aujourd’hui considéré comme deuxième langue dans la Communauté germanophone, ce qui n’a pas toujours été le cas pour cette région qui a connu certains changements linguistiques, politiques et géographiques tout au long de son histoire. L’étude se divise en 4 périodes: la période du Traité de Versailles, quand les Cantons d’Eupen, de Saint-Vith et de Malmedy ont intégré la Belgique jusqu’au début de la Seconde guerre mondiale (1919-1940); la période de la Seconde guerre mondiale (1940-1945); la période de la réintégration en Belgique jusqu’à la proclamation des nouvelles lois linguistiques qui introduisent le principe de la territorialité en Belgique (de 1945-1963) ; et, finalement, la période suivant la proclamation de ces lois jusqu’à la transmission de la compétence de l’Enseignement du niveau fédéral au niveau communautaire (1963-1989). Le but n’était pas de quantifier ces opinions statistiquement, mais bien de découvrir l’influence de l’histoire sur les opinions des différents acteurs et groupes et d’identifier ces derniers en utilisant une approche plutôt qualitative.
J’ai donc constitué moi-même un corpus qui comprend 318 articles de journaux concernant la politique linguistique éducationnelle, et j’ai vérifié si les différents topoi
(a) ont été utilisés dans un article ou non
(b) et si oui, s’ils ont été utilisés de façon positive ou négative
(c) s’ils sont utilisés en même temps que d’autres topoi
De plus, j’ai identifié l’utilisation de métaphores conceptuelles dans les topoi des différents articles afin d’analyser de quelle façon les topoi ont été réalisés d’un point de vue linguistique.
Si durant les premières périodes, les opinions publiques étaient plutôt rares, on constate une augmentation et une diversification du nombre d’acteurs (lecteurs, comités de parents, élèves, …) dès la 3ème et surtout durant la 4ème période. Il faut aussi noter les différences régionales: dans le nord de la Communauté (Eupen), on est plutôt en faveur d’une éducation bilingue, alors que le sud (Saint-Vith) préfère introduire la seconde langue (le français) le plus tard possible et ne pas l’utiliser comme langue d’instruction.
Une des conclusions principales est sans nul doute que les opinions publiques n’ont pas directement influencé la politique linguistique au niveau central. Cependant, on constate qu’un certain nombre de futurs politiciens se trouvaient parmi les acteurs identifiés pendant l’analyse de la dernière période (1963-1989). Ce sont entre autres eux qui, après la transmission du pouvoir de l’utilisation des langues dans l’enseignement en 1997, ont façonné la politique linguistique éducationnelle qui est en vigueur aujourd’hui.
la date de réponse | 19 avr. 2016 |
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langue originale | Allemand |
L'institution diplômante |
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Superviseur | Jeroen Darquennes (Promoteur), Laurence Mettewie (Président), Wim Vandenbussche (Jury), Mélanie Wagner (Jury) & Eva Vetter (Jury) |
mots-clés
- Linguistique de contact
- sociolinguistique historique
- politique linguistique éducationnelle
- politique linguistique
- analyse de discours
- maintien du langage
- acquisition de langues secondaires
- topos
- CDA
- Communauté germanophone de Belgique
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