Les jeunes et leurs parents face aux difficultés du choix des études supérieures. Entre placement social et réalisation de soi

Student thesis: Doc typesDocteur en Sciences politiques et sociales

Résumé

Cette recherche contribue à la compréhension des vécus des choix des études supérieures d’un point de vue sociologique. Les jeunes sont-ils indécis ? Accompagnent-ils ce choix d’un projet d’étude, d’un projet professionnel ou avancent-ils sans projet ? Sont-ils actifs dans la résolution de ce choix. Si l’analyse des déterminants des choix (origine sociale, passé scolaire, genre…) est souvent traitée en sociologie, celle des vécus du choix est plutôt l’apanage de la psychologie.

Le point de vue théorique porté sur ces choix est double. Nous envisageons tout d’abord l’orientation à l’aune de deux grands principes qui ont fait l’objet d’un large travail théorique (ch. 2 et 3) : la lutte des places et la réalisation de soi. Le principe du placement social envisage le choix comme une prise de position dans les espaces scolaires et professionnels symboliquement hiérarchisés et caractérisés par une compétition forte. La prise de position dépend des ambitions du jeune, de ses ressources notamment scolaires et de son histoire sociale. A côté de ce regard classique en sociologie, il s’agit d’envisager le choix comment moment de réalisation d’un soi dans un projet scolaire ou professionnel liées aux aspirations à l’épanouissement personnel qui caractérisent les jeunes d’aujourd’hui.

Parallèlement, nous mettons en perspective ces vécus en regard des transmissions familiales. Loin de la vision répandue du choix comme décision individuelle, il s’agit d’y voir, en référence à Bajoit, un travail de gestion relationnelle de soi, c’est-à-dire un nécessaire positionnement face à des attentes venant des autruis significatifs.

Ces deux dimensions – celle du sens de ce choix (et de la vie future) et celle de la place des parents dans le choix des études supérieures – sont apparues pertinentes dans le contexte belge. Un détour par les comparaisons internationales (ch. 5 et 8) nous a permis de saisir le fait que l’urgence, le familialisme et l’enjeu du diplôme pour l’avenir caractérisent tout particulièrement la Belgique.

La tension entre placement social et réalisation de soi a permis d’appréhender les façons dont les jeunes donnent sens à ce choix. Une typologie a dégagé 7 formes de positionnement des jeunes face à cette tension (ch. 10) : les ambitieux, les intégrateurs, les authentiques, les explorateurs, les hédonistes, les divisés et les anomiques.

Ensuite (ch. 11), cette tension entre les enjeux de la lutte des places et ceux de la fidélité à soi a permis de dégager quatre configurations éducatives familiales. Certaines privilégient le placement social : la configuration élitiste et cocoon. D’autres privilégient la réalisation de soi : l’accompagnante et la laisser-faire. Le cœur de cette thèse a été de révéler que les vécus du choix et le sens que les jeunes donnent à celui-ci dépendent de ces configurations. Pour chacune d’entre elles nous avons pu dégager un vécu plus difficile de ce choix : dans la configuration élitiste, le sujet divisé ne peut suivre son projet personnel ; dans la configuration cocoon, le poussin ne peut choisir par manque d’autonomie ; dans la configuration laisser-faire le manque de ressources sociales et scolaires du jeune anomique mène parfois à des choix négatifs ; dans la configuration accompagnante, le poids des aspirations à la réalisation de soi peut générer une angoisse du choix enracinée dans une peur de l’engagement. Cette thèse révèle donc que le choix est une expérience identitaire profondément relationnelle et que les vécus de ce choix s’enracinent dans cette dimension. Il y a toutefois des tensions identitaires de nature très variables qui peuvent s’enraciner dans des profils éducatifs familiaux eux-mêmes très différents.
la date de réponse13 oct. 2014
langue originaleFrançais
L'institution diplômante
  • Universite de Namur
SuperviseurNatalie Rigaux (Promoteur), Nathalie BURNAY (Président), Jean-François Guillaume (Jury) & Guy Bajoit (Jury)

mots-clés

  • choix d'étude
  • indécision
  • famille
  • placement social
  • réalisation de soi
  • sujet

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