L’échinococcose kystique au Moyen Atlas au Maroc
: évaluation du traitement anthelminthique des chiens et de la vaccination des moutons

Student thesis: Doc typesDocteur en Sciences vétérinaires

Résumé

L'échinococcose kystique (EC) est l'une des principales zoonoses responsables de la morbidité et de la mortalité humaines dans le monde. Au Maroc, cette infection pose un grand problème de santé publique par les pertes économiques engendrées chez le cheptel et par son incidence très marquée chez l’homme. Cette zoonose se présente chez l'hôte intermédiaire, généralement un herbivore, et chez l'homme par une forme larvaire représentée par un kyste hydatique qui se trouve dans la plupart des cas dans le foie et/ou les poumons, mais peut également infecter tout autre organe. Chez l'hôte définitif, généralement un chien, Echinococcus granulosus est le parasite responsable de la maladie, représenté par un petit ver plat incrusté entre les cryptes intestinales. L'hôte intermédiaire (mouton et autres herbivores) est infecté en ingérant de la nourriture ou en buvant de l'eau contaminée par des œufs éliminés dans les fèces de l'hôte définitif (chien). Les chiens s'infectent en consommant les viscères d'hôtes intermédiaires infectés par le kyste hydatique. L’objectif de ce travail vise à évaluer différentes stratégies de lutte dans le Moyen Atlas, région très endémique au Maroc. La première approche était basée sur le traitement des chiens au Praziquantel (Droncit®) ciblant ainsi le contrôle de l’infection par le ver adulte d’E. granulosus chez l’hôte définitif. Et, la deuxième approche était basée sur la lutte immunologique contre le stade larvaire de ce parasite par la vaccination des moutons avec le vaccin EG 95 contre le développement du kyste hydatique. Ce vaccin, utilisé pour la première fois au Maroc et dans le bassin méditerranéen, ainsi qu'en Afrique, chez des moutons naturellement exposés à l'infection. Dans le cadre de ce contexte, des investigations chez les chiens ont été réalisées à Had Oued Ifrane région montagneuse au Moyen Atlas, basée sur l'évaluation de l'effet de la chimioprévention sur l'incidence de l'infection chez une population de 255 chiens issus de trois localités, dont deux catégories de chiens (chiens à propriétaires et chiens errants). Les chiens ont été examinés à trois reprises sur une période allant de 4 à 8 mois entre décembre et août. À chaque investigation, les chiens ont été traités à l'arécoline, ce qui a provoqué la défécation et permis de recueillir les excréments. Les chiens ont ensuite été traités avec du praziquantel. L'examen microscopique des excréments a été effectué pour évaluer le statut infectieux des chiens à chaque investigation, et les échantillons positifs ont subi une copro-PCR pour déterminer la souche circulante d’E. granulosus. Une forte prévalence d'infection allant de 23,5% à 38,8% et de 51,3% à 68,5% a été respectivement constatée chez les chiens à propriétaires et les chiens errants. Les résultats de la PCR ont révélé la présence de la souche G1 dans tous les échantillons positifs. Un modèle de régression logistique a été utilisé pour déterminer l'incidence de l'infection et a montré que les chiens errants présentaient un risque d'infection significativement plus élevé (OR = 14 ; intervalle de confiance à 95% : 6-30 ; p < 0,001) par rapport aux chiens à propriétaires. Le risque mensuel de l’infection en fonction de l’intervalle entre deux traitements diminue si l’intervalle entre traitements diminue. Mais, il reste cependant significativement plus élevé chez les chiens errants. La détermination de l'infection chez le chien n'est pas suffisante pour contrôler ce parasite, l'intervention par le contrôle de l'hôte intermédiaire (mouton) est importante. Pour ce faire, une étude technique préliminaire sur le diagnostic chez les moutons par échographie a été réalisée à l'abattoir de M'Rirt et visait en premier lieu d’évaluer chez 126 moutons âgés entre 1 et 6 ans dans quelle mesure l’échographie permettait de détecter, de quantifier et de qualifier des kystes hépatiques confirmés par autopsie ; et second lieu d’estimer au moyen d’une analyse des kystes présents au niveau hépatique et pulmonaire chez 97 moutons abattus quelle proportion d’animaux présentait exclusivement des kystes pulmonaires non détectables à l’échographie. Cette étude technique a montré une excellente sensibilité de l’échographie hépatique étant donné que 98% des animaux porteurs de kystes ont pu être détectés. Parmi les 126 animaux investigués, 108 présentaient des kystes hépatiques à l’autopsie. Le nombre de kystes augmentant avec l’âge, la capacité de détection atteignait les 100% chez les animaux âgés de 3 ans ou plus. Et parmi les 98 animaux infectés et examinés uniquement à l’autopsie, 22% de ces animaux présentaient uniquement des kystes pulmonaires. Chez ces animaux, le nombre moyen de kystes était plus faible (2,6) par rapport à ceux présentant des kystes hépatiques et pulmonaires (13,3 en moyenne). Pour étudier l’effet protecteur du vaccin EG 95, un effectif de 402 agnelles ont été recrutées pour la vaccination annuelle avec le vaccin anti-E. granulosus EG95 et 395 agnelles similaires ont été sélectionnées comme témoins non vaccinées. Elles ont été évaluées pendant quatre années consécutives dans différentes régions du Moyen Atlas marocain avec un traitement des chiens tous les 4 mois. À l'âge d'environ quatre ans, le risque relatif d’infection des moutons vaccinés par des kystes hydatiques viables par rapport aux témoins non vaccinés était de 3 % (9,37% des moutons vaccinés ont été trouvés infectés alors que 72,82% des témoins étaient infectés ; p=0,002). La proportion de chiens infectés a diminué de manière significative après le traitement (12% contre 35% ; p<0,001). L'incidence de la réinfection après le traitement correspondait à un risque mensuel de 4 % (IC à 95% : 3-6%). Dans les circonstances épidémiologiques existant dans la zone d'essai, un traitement quadrimestriel des chiens à propriétaire avec du praziquantel était insuffisant pour avoir un impact majeur sur la transmission d'E. granulosus aux moutons. Les résultats des échographies et des autopsies suggèrent que la vaccination des moutons par le EG95 a le potentiel de réduire le niveau de l’infection par l’échinococcose kystique au Maroc et dans d'autres parties du monde ayant un contexte épidémiologique similaire.
la date de réponse31 déc. 2020
langue originaleFrançais
L'institution diplômante
  • Universite de Namur
SponsorsAcadémie de Recherche et d'Enseignement supérieur
SuperviseurNathalie Kirschvink (Promoteur), Abderrahim Sadak (Promoteur), Abdelkébir B. Rhalem (Copromoteur), Claire Diederich (Président), Tanguy Marcotty (Jury), Malika Kachani (Jury), Pierre Dorny (Jury), Eric MURAILLE (Jury) & Sarah Gabriël (Jury)

mots-clés

  • Echinococcus granulosus
  • vaccin recombinant EG95
  • échinococcose kystique
  • mouton
  • chien
  • incidence
  • praziquantel
  • Maroc

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