Fictions de la science et sciences fictives. Les sciences du vivant et l'astronomie dans le roman d'aventures scientifique (1880-1915)

  • Charlotte Bertrand

Student thesis: Doc typesDocteur en Langues, lettres et traductologie

Résumé

La thèse porte sur les sciences du vivant et l’astronomie dans le roman d’aventures scientifique (1880-1915). Elle étudie les modes d’interaction entre ces disciplines et la matière romanesque (entre la science et la fiction) puis elle réfléchit, plus généralement, aux rapports entre le réel et la fiction.
Deux chapitres composent la première partie de la thèse. Le premier concerne l’insertion des sciences du vivant dans le roman populaire. Il repère les procédés littéraires qui permettent d’injecter du contenu scientifique dans la fiction, parmi lesquels apparaît le recours au personnage du Docteur. L’étude se centre à la fois sur ce personnage et, in extenso, sur les pratiques qui lui sont afférentes (la chirurgie, la bactériologie et l’hypnose). Par le biais de ce chapitre, nous montrons les liens de continuité plutôt que d’opposition entre la science et l’occulte. Les analyses conduisent à interroger l’hybridité du roman d’aventures relatif aux sciences du vivant, entre science et merveilleux. La partie consacrée à la médecine amène l’idée d’un éclatement des frontières à partir de l’espace littéraire. Nous constatons aussi que la perméabilité des champs imprègne la science elle-même : la conclusion du chapitre annonce l’accueil de l’inconnu dans la science. La suite de la thèse révèle que cette science inconnue, mais acceptable est plus présente encore en ce qui concerne l’astronomie.
Le deuxième chapitre traite de l’astronomie au XIXe siècle. Nous nous intéressons à la répercussion de l’imaginaire astronomique au sein des romans. L’approche analytique dévoile l’éloignement par rapport à la science au sens strict : face à des thématiques qui échappent nécessairement à l’entendement de la science (les physionomies extra-terrestres et planétaires), seule la voie de l’imaginaire semble possible. Les romans ont tendance à reprendre les discours astronomiques les plus osés, sans qu’ils soient nécessairement consensuels : Flammarion occupe une place importante dans l’intertexte des fictions. Le travail met en évidence la composante spirituelle de sa production littéraire. La fiction se fait donc l’écho d’une certaine science au XIXe siècle, correspondant à celle que défend et diffuse Camille Flammarion. Dans la dernière section du chapitre, nous constatons le même goût pour l’incertain dans des espaces médiatiques non romanesques : par exemple, les articles de presse mettent en avant des aspects hypothétiques de Mars (son caractère habité, la nature de ses habitants, leur degré d’intelligence, etc.). Les pratiques romanesques comme journalistiques extrapolent sur l’astronomie et ne sont pas sans incidence sur son image générale. Elle est dépeinte comme une rêverie, une incertitude, un champ ouvert à l’imaginaire.
La deuxième partie de la thèse (« Le partage du réel ») interroge les rapports entre la science et la fiction sous une forme théorique. L’enjeu est la constitution d’un répertoire des modes de référentialité ou de fictionnalisation au cœur d’un espace textuel. Parmi les procédés de référentialité identifiés figurent la citation, le didactisme du savant, la négation de l’espace romanesque et la présomption de science. Nous envisageons la citation et le didactisme comme des gages de référentialité. En ce qui concerne la négation de l’espace romanesque, le fonctionnement de la référentialité repose davantage sur la mise à distance de l’univers diégétique. Le dernier cas suppose la scientifisation d’un propos, d’un discours ou d’une invention inédits dans l’univers référentiel. Les modes de fictionnalisation ont trait à la simplification du raisonnement scientifique ; à l’analogie et au calque de la science référentielle ; ainsi qu’au foisonnement du nombre. Dans le premier cas, la négation de la complexité de la science et la disparition de ses étapes-clés conduisent à une science romanesque erronée. Le deuxième cas mobilise une réflexion scientifique existante pour l’appliquer à une innovation scientifique propre à l’univers de la fiction, sans équivalence. Le nombre poursuit l’entreprise de crédibilisation d’une matière qui est sans fondement ou sans tenue scientifique. Dans les faits, l’inopérance des catégories formulées est manifeste. Selon nous, la typologie non fonctionnelle révèle une caractéristique fondamentale de la science romanesque : science et fiction composent le tissu romanesque indistinctement. Il n’y a donc pas de possibilité de scission de la matière textuelle pour en isoler la science ou la fiction.
la date de réponse24 avr. 2018
langue originaleFrançais
L'institution diplômante
  • Universite de Namur
SponsorsFonds de la Recherche Scientifique F.R.S.-FNRS
SuperviseurCaroline De Mulder (Promoteur), David Vrydaghs (Président), Michel Brix (Jury), Jean Pierre Bertrand (Jury), Hugues Marchal (Jury) & Matthieu Letourneux (Jury)

mots-clés

  • astronomie
  • médecine
  • sciences du vivant
  • littérature et science
  • science et fiction
  • réel et fiction
  • science et surnaturel
  • 19e siècle
  • science du 19e siècle

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