Effets de l’exposition ex situ et in situ des juvéniles du Tilapia du Nil Oreochromis niloticus à des pesticides utilisés dans le traitement phytosanitaire du cotonnier au Bénin via l’approche multi-biomarqueurs

  • Nicresse Guedegba

Student thesis: Doc typesDocteur en Sciences

Résumé

La République du Bénin est un pays à vocation essentiellement agricole, situé dans le Golfe de Guinée en Afrique de l’Ouest dans la zone intertropicale, entre le tropique du Cancer et l’Equateur. Il est divisé en 12 départements administratifs : au Sud et d’Est en Ouest, le Plateau, l’Ouémé, le Littoral, l’Atlantique, le Mono et le Couffo ; au Centre, le Zou et les Collines ; au Nord-Est, le Borgou et l’Alibori et au Nord-Ouest, l’Atacora et la Donga. Au Bénin, le coton représente la principale culture de rente et constitue la base de l’économie nationale. Il est cultivé majoritairement dans la partie nord où est installée la majorité des retenues d’eau du pays. Or, la culture du coton constitue l’une des cultures les plus consommatrices de pesticides dans le monde. L’objectif de cette étude était d’évaluer les effets des pesticides utilisés en culture du coton sur les poissons produits dans les retenues d’eau du nord Bénin en utilisant l’approche multi-biomarqueur.
Pour atteindre cet objectif, plusieurs expérimentations ont été effectuées sur le tilapia du Nil Oreochromis niloticus à savoir : (1) des tests de toxicité aigüe en laboratoire pour déterminer les CL50-96h de l’Acer 35 EC et de ses composants (acétamipride et lambda-cyhalothrine), pesticide majoritairement utilisé dans la culture cotonnière, (2) un test de toxicité chronique en laboratoire pour évaluer les effets de ces molécules en mesurant plusieurs biomarqueurs de réponse à la toxicité des molécules (neurotoxicité, reprotoxicité, immunotoxicité, hépatotoxicité, stress oxydatifs, etc.) et enfin (3) un test réalisé en milieu naturel pour évaluer l’effet des molécules qu’on retrouve dans les retenues d’eau du nord Bénin, via une comparaison entre retenues d’eau très faiblement et fortement contaminées par des pesticides. A la suite des tests de toxicité aigüe, les valeurs des CL-5096h déterminées sont respectivement 0,1268, 0,0029, 182,9 et 0,5685 ppm pour l’Acer 35 EC, la lambda-cyhalothrine, l’acétamipride et le mélange des deux matières actives pures. Des anomalies telles que la perte de l’équilibre, le changement de la couleur de la peau, la nage rapide, l’hyperactivité, l’activité en surface, la léthargie etc. signes caractéristiques d’une atteinte du système nerveux ont été observées lors de l’exposition aigue des poissons aux différents insecticides.
De la deuxième expérimentation, l’essai chronique, il ressort que l’insecticide Acer 35 EC diminue l’activité des cholinestérases dans le muscle et la production des anions superoxydes chez les mâles et les femelles du tilapia du Nil. La gamétogenèse chez les femelles de même que la croissance ovocytaire ont été affectées par l’exposition à l’insecticide Acer 35 EC. Les altérations histologiques ont été également observées au niveau du foie et du rein des poissons exposés. L’indice multi-biomarqueurs IBR (Integrated Biomarker Response) calculé montre que les femelles lors de cette étude semblent plus sensibles et l’exposition pendant une durée plus longue affecte plus les sujets exposés.
Les résultats obtenus lors de l’essai en milieu naturel (in situ) quant à eux montrent des différences entre les juvéniles du tilapia du Nil élevés dans la retenue d’eau de Songhai (milieu moins contaminé) et ceux élevés dans la retenue d’eau de Batran (milieu plus contaminé) quant aux différents paramètres immunitaire, nerveux, reproducteurs mesurés. Des différences sont également observées au niveau des infrastructures d’élevage à savoir cages (où les poissons ne sont exposés qu’aux résidus de pesticides présents dans la colonne d’eau ou via l’ingestion alimentaire de proies contaminées) et enclos (où les poissons ont accès à la fois aux résidus de pesticides dans la colonne d’eau, dans la nourriture naturelle et à ceux piégés dans les sédiments) utilisées pour l’élevage des poissons dans ces deux milieux. L’analyse de résidus de pesticides dans les muscles des poissons prélevés sur les deux sites et dans les différentes infrastructures ne montrent aucune contamination chez les poissons élevés dans la retenue d’eau de Songhai contrairement aux poissons élevés à Batran. L’IBR dans cette expérimentation nous montre par contre que ce sont les mâles qui semblent plus affecter par les effets néfastes des résidus de pesticides.
Pour la conservation et la préservation de la biodiversité aquatique d’une part et le développement de la pisciculture dans les retenues d’eau du nord Bénin d’autre part, des mesures adéquates doivent être prises pour limiter l’utilisation des pesticides dans la zone de production cotonnière et réduire la contamination des écosystèmes. A cet effet, l’élevage des poissons dans les cages limitant leur accès aux sédiments (contenant les concentrations les plus fortes de résidus de pesticides) pourrait réduire les effets des pesticides et surtout sécuriser la santé des populations consommatrices de ces ressources.
la date de réponse18 déc. 2019
langue originaleFrançais
L'institution diplômante
  • Universite de Namur
SponsorsARES-CCD
SuperviseurPatrick Kestemont (Promoteur), Frederic Silvestre (Président), Ibrahim Imorou Toko (Jury), Robert Mandiki (Jury), Marie-Louise Scippo (Jury), Thierry JAUNIAUX (Jury) & Anne Bado-Nilles (Jury)

mots-clés

  • Tilapia du Nil
  • rxposition aigüe
  • exposition chronique
  • retenues d'eau
  • pesticides
  • biomarqueurs
  • indice multi-biomarqueurs
  • essai in situ

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