Des actualités filmées au service de l'histoire. La propagande audiovisuelle d'un gouvernement en état de siège (1940-1945)

Student thesis: Doc typesDocteur en Histoire, histoire de l’art et archéologie

Résumé

Avant l’introduction de la télévision, le cinéma est le seul média qui permet de donner une perception visuelle et animée d’un événement. A priori, pour le public, l’attrait du journal d’actualités filmées réside plus dans son aspect ‘audio-visuel’ et sa conception didactique que dans son contenu événementiel. Les dernières nouvelles sont déjà connues du spectateur par la radio ou la presse écrite. Le public désire alors ‘voir’ les images de l’évènement. Si ces images filmées permettent, en effet, de visualiser l’information reçue par d’autres médias, elles en modifient son contenu et sa signification par un montage et un commentaire induits et permettent de façonner l’opinion publique. Lors du second conflit mondial, tous les protagonistes optent pour un contrôle strict de l’information et un encadrement de l’opinion publique. Les journaux filmés, au vu de leurs potentialités supposées, vont constituer une arme redoutable de cette propagande. Le gouvernement belge en exil à Londres s’inscrit dans cette mouvance. Dès 1941, il met en place une politique d’information et de propagande via le média cinéma et lui octroie d’importants moyens financiers, techniques et humains. Les journaux filmés auront pour objectif de mettre en évidence l’effort de guerre du pays et de légitimer l’existence, l’autorité et l’action du gouvernement belge en exil auprès de l’opinion publique nationale et internationale. À la libération, cette politique propagandiste se poursuit mais elle est désormais cadenassée par l’autorité militaire alliée qui impose un monopole des actualités filmées sur les écrans belges. Les images filmées diffusent alors une propagande de vainqueurs où la victoire et l’unité alliée est proclamée haut et fort et où l’armée belge, en pleine reconstruction, devient un leitmotiv chargé de rétablir la cohésion nationale. Mais, pour le monde cinématographique belge, monopole et contrôle gouvernemental sont inacceptables. Les acteurs de la presse filmée belge veulent récupérer leurs prérogatives. Ils prônent un retour à la liberté d’expression et à la libre concurrence commerciale. On assiste dès lors jusque décembre 1945 à un chassé-croisé entre sociétés commerciales, associations corporatives et l’institution politico-militaire. Cette recherche doctorale s’est ancrée sur un corpus filmique déterminé : d’une part, les 77 actualités filmées produites à Londres dès 1942 par le gouvernement belge en exil en collaboration avec la British Paramount News ; d’autre part, les 78 éditions belges du journal interallié d’actualités filmées Le Monde Libre disposant d’un monopole des écrans belges du 15 septembre 1944 au 28 décembre 1945. Avant d’entrer dans une analyse fine du corpus filmé, il a fallu procéder à une reconstitution de ce corpus dispersé dans trois cinémathèques. Cette identification préalable a permis d’établir pour chaque actualité filmée les métadonnées nécessaires à la valorisation documentaire de la source mais également à son indexation, démarche inhérente à sa conservation. Au-delà de la problématique historique, cette thèse a mis en lumière les apports de la source audiovisuelle pour la discipline historique. Elle a permis de mettre au point des protocoles méthodologiques qui allient sources audiovisuelles et sources non-filmiques et qui permettent d’appréhender au mieux l’historicité de la source audiovisuelle, de comprendre le fait cinématographique dans son ensemble et de le replacer dans son contexte historique. Enfin, elle a mis évidence la problématique d’accès et de droits du patrimoine audiovisuel et ses conséquences sur l’historiographie belge où le champ de recherche ‘Histoire et cinéma’ reste lacunaire. Cette analyse de la production, de la distribution et de la réception des actualités filmées belges entre 1940 et 1945 permet de comprendre les réactions et les attitudes successives de l’opinion/des opinions en période de guerre. Au travers des images diffusées sur les écrans de Londres et de Bruxelles à la libération, la représentation mentale du conflit et les mécanismes d’encadrement de l’opinion publique par l’image se sont dévoilés.
la date de réponse22 avr. 2014
langue originaleFrançais
L'institution diplômante
  • Universite de Namur
SuperviseurAxel Tixhon (Promoteur), Giovanni Battista Palumbo (Président), Anne Roekens (Jury), Vincent Dujardin (Jury), Chantal Kesteloot (Jury) & Laurent VERAY (Jury)

mots-clés

  • histoire
  • sources audiovisuelles
  • cinéma
  • propagande
  • actualités filmées
  • deuxième guerre mondiale
  • Belgique
  • Exil

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