Église et aristocratie en Cambrésis (fin IXe-milieu XIIe siècle). Le pouvoir entre France et Empire au Moyen Âge centra

Student thesis: Doc typesDocteur en Histoire, histoire de l’art et archéologie

Résumé

Inscrite dans un courant historiographique que d’aucuns qualifient de « nouvelle histoire politique », la présente thèse de doctorat, focalisée sur le groupe nobiliaire cambrésien et ses rapports avec l’institution ecclésiale, vise à déterminer comment, au cours des Xe-XIIe siècles, les grands sont parvenus à exercer leur pouvoir et à maintenir leur domination sociale dans une principauté épiscopale située aux confins de la Flandre, de la France et de l’Empire. L’ambition est également de comprendre comment, dans le même temps, l’aristocratie cambrésienne s’est positionnée par rapport au message chrétien véhiculé par les clercs et les moines. L’enquête se structure en cinq chapitres regroupés en deux parties. Le volet initial aborde la période 888-1080, au cours de laquelle l’autorité impériale s’ancre solidement en Lotharingie. En bonne méthode, le chapitre d’ouverture (I.) s’interroge sur la valeur des Gesta episcoporum Cameracensium, principale source d’information sur l’histoire du Cambrésis des Xe-XIe siècles. La déconstruction et la mise en perspective de cette chronique permettent d’éclairer sous un jour nouveau l’intense travail de réécriture du passé cambrésien entrepris par l’évêque Gérard Ier (1012-1051). Sont ensuite examinées les modalités selon lesquelles la Reichskirchenpolitik des Ottoniens se met en place à Cambrai au détriment du pouvoir comtal laïque (II.). À partir du second tiers du Xe siècle, le renforcement de la seigneurie épiscopale au détriment de celle des titulaires de l’honor comtal conduit en effet à la marginalisation, puis, dès 1007, à la disparition totale des comtes laïques de la scène politique cambrésienne. En provoquant par contrecoup l’ascension des châtelains-avoués, cette évolution pèse lourdement sur les rapports de pouvoir entre une Église cambrésienne traditionnellement plus proche des souverains germaniques et une aristocratie locale partagée entre les influences impériale et flamande (III.). L’accent est également mis sur les pratiques religieuses des grands, en limitant l’analyse aux interdits de parenté, au système du don-échange et aux enjeux funéraires. La rupture avec le système politique bâti par les Ottoniens survient entre 1080 et 1130 ; cette mutation est étudiée dans la deuxième partie de la thèse. Le quatrième chapitre revient sur les prémisses de la crise politique qui affecte le Cambrésis au tournant des XIe-XIIe siècles (IV.). L’autonomisation et l’institutionnalisation de l’Église promues par la réforme grégorienne, les aspirations politiques d’une bourgeoisie cambrésienne enrichie, et, enfin, la présence d’un pouvoir comtal flamand aux ambitions de plus en plus dévorantes entraînent en effet des bouleversements sans précédent dans le petit comté de Cambrai. Longtemps latentes, les tensions s’embrasent autour de 1100 à l’occasion de la scission du diocèse double d’Arras-Cambrai. C’est à ce « schisme de Cambrai » (1092-1113), qui oppose de manière quelque peu schématique les soutiens du clan grégorien à ceux du parti impérial, et à ses conséquences à moyen terme en matière de pouvoir et de comportement religieux que se consacre l’ultime chapitre (V.). La crise politique transforme profondément le visage du Cambrésis. Cette véritable guerre civile contribue en effet à asseoir l’autorité des princes flamands sur le comté, en même temps qu’elle permet aux élites urbaines de s’impliquer plus étroitement dans la gestion des affaires de la cité. Considérablement affecté par le « schisme de Cambrai », le groupe nobiliaire, qui a profité de la vacance du pouvoir épiscopal pour ériger des "castra" dans le plat-pays, tend, quant à lui, à troquer la ville pour la campagne. La religion aristocratique paraît, par contre, assez peu affectée par la diffusion des idées grégoriennes. Un volume d’annexes complète la thèse. Outre la traditionnelle bibliographie, celui-ci comprend une quinzaine de tableaux généalogiques, quelques cartes et, surtout, un catalogue d’actes relatif aux châtelains de Cambrai. Cet inventaire fournit les régestes des 185 chartes mentionnant ces aristocrates de haut rang entre le milieu du XIe siècle et 1189, date de décès d’Hugues III d’Oisy.
la date de réponse25 mars 2014
langue originaleFrançais
L'institution diplômante
  • Universite de Namur
SuperviseurJean-Francois Nieus (Promoteur), Giovanni Battista Palumbo (Jury), Etienne Renard (Jury), Paul Bertrand (Jury), Florian MAZEL (Jury), Charles MERIAUX (Jury) & Steven VANDERPUTTEN (Copromoteur)

mots-clés

  • Moyen Âge
  • Aristocratie
  • Cambrai
  • Empire
  • Politique
  • Église

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