Étude éthique et anthropologique d'une conception relationnelle de l'autonomie
: Les conceptions de l'autonomie au prisme de la prévention VIH/sida

Student thesis: Doc typesDocteur en Philosophie

Résumé

La problématique de cette thèse a été élaborée au départ de l’observation des conceptions de l’autonomie dans la prévention VIH/sida. Deux conceptions peuvent en effet être distinguées : une conception individuelle de l’autonomie (celle soutenue par les stratégies de prévention) et une conception relationnelle (celle des personnes qui s’approprient les normes préventives). La conception individuelle considère la personne comme un agent rationnel qui comprend et analyse l’information avec sa raison, avant de faire un choix. Or, les choix personnels, en matière de prévention, ne traduisent pas toujours une appropriation rationnelle et orthodoxe des normes préventives. Dans un contexte de vie ordinaire, les motivations se précisent et s’affinent en fonction de la gestion du rapport à soi, à autrui et au monde.
Le développement de la problématique tend à comprendre ce qui « fait » l’autonomie d’un choix dans un contexte de vie ordinaire. Deux questions principales ont guidé ce travail : comment s’élaborent les motivations et les préférences qui expriment la singularité du moi dans le choix ? Comment se constitue le moi qui s’exprime à travers ces choix ? La méthodologie adoptée pour répondre à ces deux questions croise l’analyse l’éthique et celle de la psychologie morale. Il s’agit d’examiner comment le sens des préférences et des motivations est déterminé par la conception du moi.
La conception anthropologique individuelle pointe l’intérêt éthique de l’autonomie, en tant que valeur porteuse d’une visée émancipatrice. Elle reste cependant aussi un idéal social et moral qui peut lui-même devenir source de contraintes et d’aliénations. Cette conception se focalise sur des qualités spécifiques que sont l’usage de la raison, l’aspiration à la « non-dépendance » et la capacité réflexive de s’abstraire du monde environnant. Toutefois, l’aspiration à la « non-dépendance » peut, paradoxalement, devenir contraignante au cours de certaines périodes de la vie. Les expériences de la séropositivité ou de l’amour invitent, par exemple, à repenser cette aspiration à l’aune des rapports d’interdépendance et des relations d’attachement.
La conception anthropologique relationnelle envisage les rapports d’interdépendance comme constitutifs de la personne. Ces rapports peuvent être source d’émancipation et d’épanouissement mais aussi d’aliénation. Leur prêter attention permet de comprendre ce qui compte vraiment pour la personne et partant, de renforcer l’autonomie. Cette approche amène à reconnaître la dimension sensible des motivations et des préférences personnelles. Les qualités anthropologiques mobilisées par une telle démarche visent une rationalité qui articule la raison aux émotions et au corps. La rationalité sensible et incarnée rend possible l’exercice d’une perception attentive et bienveillante vis-à-vis de ses propres besoins et des besoins d’autrui.
la date de réponse17 mars 2017
langue originaleFrançais
L'institution diplômante
  • Universite de Namur
SuperviseurLaurent Ravez (Promoteur), Stephane Leyens (Copromoteur), Laura Rizzerio (Président), Natalie Rigaux (Jury), Bernard Hanson (Jury) & Stuart Rennie (Jury)

mots-clés

  • autonomie
  • relations
  • rationalité incarnée
  • care
  • amour
  • VIH/sida

Attachement à un institut de recherche reconnus à l'UNAMUR

  • ESPHIN

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