Territoire: Localisation des luttes écologiques et cosmopolitique transpécifique

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Résumé

Le territoire est d’abord un terme politique. Il désigne à l’origine la délimitation d’une entité administrative. Le territoire d’une ville ou d’un État est le périmètre sur lequel porte leur autorité. Il est associé à l’idée de juridiction dans l’ancien régime (Paquot, 2011). Plus récemment en géographie humaine, son usage recouvre des étendues moins bien circonscrites dont la stabilité relative tiendrait à leurs particularités géologiques mais aussi aux pratiques sociales, linguistiques, culturelles qui s’y inscrivent. Cette indétermination d’usage nous permet d’envisager, sur un espace donné, le feuilletage de différentes formes de territorialités. C’est d’autant plus le cas que le territoire trouve aussi une utilisation dans le cadre d’une sociologie ou d’une psychologie attentive à la manière dont l’être humain occupe individuellement son milieu et avec lequel il interagit. Par exemple, Goffman définira le territoire comme cette « zone égocentrique fixée autour d’un ayant droit, typiquement un individu » (Goffman, 1973 : 243). On notera enfin que c’est à partir du XIXe siècle et durant tout le XXe qu’il trouve son importance parmi les naturalistes et les éthologues pour penser les milieux de vie, les espaces occupés par les animaux (von Uexküll, 1956). L’hétérogénéité de ces territoires, tant par leurs statuts que par les agents qu’ils convoquent, pourrait égarer si l’anthropocène ne posait pas la question brulante de leur interdépendance et de leur éclatement. Car ce sont bien les milieux de vie que nous partageons et qui ne peuvent être limités aux cadres administratifs qui sont en jeu dans les crises environnementales et climatiques que nous vivons.
langue originaleFrançais
Publication spécialiséeDictionnaire Arcadie. Lexique philosophique par temps d’Anthropocène
Etat de la publicationPublié - 29 sept. 2023

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