Malédictions littéraires

L’une des figures les plus saillantes de l’imaginaire littéraire est celle de l’écrivain maudit. Dominé par la souffrance, celui-ci suit une trajectoire déclinée sur le mode du ratage, soit qu’il ne parvient jamais à émerger dans le champ littéraire, soit qu’il se trouve rapidement déclassé et écarté des différentes instances de consécration. D’importants travaux ont d’ores et déjà posé les fondement d’une approche historique, sociologique et discursive de la malédiction littéraire, considérée à la fois comme un mythe susceptible de nourrir un imaginaire, comme une posture et comme un univers fictionnel puissant. Dialoguant avec les motifs de la bohème et de la folie, la malédiction littéraire a surtout fait l’objet d’une analyse dans le domaine français, qui se révèle particulièrement riche en la matière. En va-t-il de même dans le domaine belge ? Qui sont les grands maudits de la littérature francophone de Belgique ? L’échec d’une stratégie entriste permet-il à un auteur belge de se donner à voir comme maudit ? Du « Repos dans le malheur » d’Henri Michaux aux poèmes dysphoriques de William Cliff, comment s’énonce la souffrance littéraire ?