Résumé
Le temps, les mots et la mort forment, d’après Rancière, le « matériau sensible » auquel est confrontée la discipline de l’histoire dès lors qu’elle prétend au statut de science. Le trouble qu’elle éprouve face à la foncière achronicité du temps, face à des paroles toujours en excès et face à la perte irrémédiable du passé, l’histoire-science a tenté de le conjurer de différentes façons, dont Rancière nous rappelle qu’elles procèdent toutes d’une « poétique du savoir ». Rancière propose, sous le nom d’« histoire hérétique », une refonte de ce qui lie et sépare savoir historique et récit. Le sens ambigu qu’il prête à l’« hérésie », à la fois condition de possibilité de toute historicité (le trouble de la parole propre à tout sujet en écart vis-à-vis de son temps) et situation historique (le trouble provoqué par l’explosion de la parole démocratique à l’âge révolutionnaire), invite toutefois à s’interroger sur la possibilité d’une telle « histoire hérétique ». Derrière l’interdiction de faire parler les morts du passé, Rancière ne condamne-t-il pas la possibilité d’envisager d’autres histoires que celle qui conduit à « l’hérésie démocratique » des Modernes ?
langue originale | Français |
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titre | Jacques Rancière, aux bords de l'histoire |
rédacteurs en chef | Sébastien Laoureux, Isabelle Ost |
Lieu de publication | Paris |
Editeur | Editions Kimé |
Pages | 91-112 |
ISBN (imprimé) | 9782380720242 |
Etat de la publication | Publié - 1 oct. 2021 |