L’apport de l’archéométrie à l’étude des décors peints de l’abbaye de Floreffe

Anne Wilmet

Résultats de recherche: Thèse externeMémoire de master

Résumé

L’abbaye de Floreffe est l’un des rares sites en Belgique à conserver un ensemble cohérent de décors peints de la fin du XIIe et du XIIIe siècle. Cependant, si les campagnes de construction du gros-oeuvre des bâtiments médiévaux ont suscité des recherches considérables, les revêtements muraux de l’abbatiale et des anciennes infirmeries souffrent d’un manque criant de recherche. Leur état de conservation déplorable explique probablement
le manque d’intérêt des chercheurs. Notre objectif majeur était de mettre en évidence les différentes phases de réalisation des décors, d’en préciser la datation jusqu’alors très approximative et, dans la mesure du possible, de mettre ces différentes phases en lien avec la chronologie du chantier de construction préalablement établie.
Une analyse macroscopique rigoureuse, couplée à un relevé photographique et graphique systématique a révélé une stratigraphie complexe des revêtements peints de l’abbatiale.
L’analyse stratigraphique, entreprise en collaboration avec le Centre européen d’archéométrie de l’Université de Liège, a été appliquée à tous les revêtements peints préservés de l’abbatiale, mettant ainsi en évidence des campagnes d’ornementation murale variant sensiblement d’une zone à l’autre. Après un premier classement réalisé au moyen d’un microscope optique de 65 échantillons de mortiers et pigments prélevés dans les secteurs médiévaux, ces derniers ont été soumis à des analyses en microscopie électronique à balayage et en spectrométrie Raman.
Ces analyses ont apporté un éclairage sur les modes opératoires privilégiés dans la réalisation des enduits et dans la mise en oeuvre des pigments. Si la plupart des ornements peints de tradition antique et romane ne peuvent contribuer à dater les revêtements, les quelques scènes figurées conservées ont été soumises à une analyse formelle et typologique qui, combinée aux
résultats des analyses de laboratoire ainsi qu’aux données archéologiques et
dendrochronologiques fournies par les études antérieures du gros oeuvre, a permis de différencier quatre campagnes de décoration de l’édifice abbatial. La première semble avoir été réalisée entre 1175 et 1190, la seconde vers 1240-1250, la troisième dans le dernier quart du XIIIe siècle, et la dernière dans le courant du XVIe siècle, avant 1563.
L’étude des décors peints de l’infirmerie médiévale de l’abbaye a mis en évidence un vaste programme iconographique en lien avec la fonction hospitalière de la salle. Le riche armorial peint sur les voûtes rappelle les liens étroits que l’abbaye entretenait avec les comtes de Namur. L’analyse stylistique, confrontée aux données archéologiques, historiques, héraldiques
et paramentiques a abouti à la datation des peintures, placées dans le dernier quart du XIIIe siècle, probablement entre 1270 et 1290.
Outre la mise au jour d’un patrimoine exceptionnel en Wallonie qui mérite toutes les attentions, ce mémoire mettait en évidence l’apport considérable de l’archéométrie et de l’approche archéologique interdisciplinaire à l’étude des décors peints médiévaux.
langue originaleFrançais
DiplômeMaster
L'institution diplômante
  • Université de Liège
Superviseur(s)/conseiller
  • Hoffsummer, Patrick, Superviseur, Personne externe
  • Sapin, Christian, Co-promoteur, Personne externe
  • Piavaux, Mathieu, Membre du Jury
  • VAN DEN BOSSCHE, Benoît, Membre du Jury, Personne externe
Etat de la publicationNon publié - 2010

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