Le traitement conventionnel des patients souffrant d'un cancer pulmonaire non à petites cellules (NSCLC) disséminé comporte habituellement une chimiothérapie systémique visant à réduire les symptômes, à améliorer la qualité de la vie, et à prolonger la survie. Aujourd'hui malheureusement, la maladie disséminée est systématiquement mortelle et le traitement est palliatif. Pour cibler de manière plus spécifique les cellules tumorales en épargnant les cellules saines, de nouveaux traitements sont développés qui tiennent compte des voies biochimiques et moléculaires anormales qui caractérisent et distinguent les cellules malignes du cancer du poumon.
Par ailleurs, l'angiogénèse, c'est-à-dire la prolifération de nouveaux vaisseaux sanguins, est également caractéristique des tumeurs et peut être utilisée comme cible thérapeutique qui présente une série d'avantages :
(i) le phénotype prolifératif de l'endothélium tumoral vs l'endothélium quiescent du reste des vaisseaux de l'organisme et donc la sélectivité tumorale des drogues anti-angiogéniques,
(ii) la position idéale de l'endothélium à l'interface entre le sang et le compartiment tumoral et donc l'accessibilité aisée des drogues anti-angiogéniques,
(iii) la dépendance de nombreuses cellules tumorales vis-à-vis d'un nombre réduit de cellules endothéliales et donc un effet amplificateur lors de la destruction du réseau vasculaire tumoral,
(iv) la stabilité génétique des cellules endothéliales et donc un moindre risque de développement d'une résistance aux traitements et une applicabilité étendue à de nombreuses variétés de tumeurs.
Le but de ce projet réside dans la réalisation de vecteurs marqués par un cluster de radio-isotopes visant les cellules endothéliales tumorales du NSCLC.
Ces clusters, de dimension nanométrique, seront enrobés d'un composé biocompatible servant d'interface avec le vecteur sur lequel ils seront greffés. La technologie permettra de synthétiser des nanoclusters à vocation curative ou diagnostique, composés de radio-isotopes ou d'agents de contraste. La combinaison des fonctions est aussi envisagée.
Pour être efficace, le vecteur, un anticorps monoclonal, doit cibler un marqueur biologique idéalement spécifique, facilement accessible, stable et abondant au niveau de la cellule tumorale. En pratique, l'annexine A1, les intégrines vß3 et vß5, le récepteur au VEGF, l'endogline ou l'extradomaine B de la fibronectine semblent prometteurs car ils présentent une faible expression dans les tissus sains mais une très forte expression au niveau du réseau vasculaire tumoral. La vectorisation des nanoclusters avec un anticorps spécifique permettra de les acheminer jusqu'au sein de la tumeur.
L'équipe est pluridisciplinaire, impliquant des médecins spécialisés en médecine nucléaire (IMRE-UCL-Mont-Godinne), des biologistes cellulaires maîtrisant des modèles de cellules vasculaires et d'angiogenèse in vitro (URBC-FUNDP), des physiciens spécialistes en synthèse de nanoparticules et production de radio-isotopes (LARN-FUNDP), des pharmaciens responsables du couplage anticorps-nanoclusters (département de Pharmacie, FUNDP), des pharmaciens impliqués dans la pharmacologie des micro-vaisseaux tumoraux (FATH-UCL) et dans les contraintes de production de composés radio-pharmaceutiques (CMFA-UCL).