Notre époque vit un déficit d'espérance. Face à ce constat, les intellectuels ont à prendre leur responsabilité. Encore faut-il ne pas se donner la tâche trop facile, mais partir d'une situation où rien ne va plus : le personnage de Job est à ce titre un lieu privilégié d'exploration. Figure mythique, il constitue, tel Adam ou Faust, un universel concret et propose une histoire exemplaire récapitulant l'humanité. Il est le juste souffrant, qui cherche son chemin entre désespoir et espérance. La méthode de recherche suivie est celle que définit Ricoeur : « Il n'y a pas lieu de juxtaposer deux manières de comprendre ; la question est plutôt de les enchaîner comme l'objectif et l'existentiel (ou l'existential !), dans l'espoir de conduire l'herméneutique d'une intelligence naïve à une intelligence mûrie à travers la discipline de l'objectivité (Paul Ricoeur, Le conflit des interprétations, Paris, Seuil, 1969, p. 34). Prenant cette exigence à la lettre, l'étude articule plusieurs démarches, allant de l'exégèse philologique, historique et littéraire du texte biblique dans sa langue originale, l'hébreu, jusqu'à l'interprétation philosophique et théologique. Quatre étapes sont prévues, qui étudieront successivement : la sémantique de l'espérance, ou recherche exhaustive sur le vocabulaire de l'espérance mobilisé par le livre de Job ; la symbolique de l'espérance, qui étudie toutes les métaphores du désespoir et de l'espérance ; la dramatique de l'espérance, qui prend le livre de Job comme drame et qui s'attache à l'espérance comme acte d'espérer, selon ses deux axes constitutifs, l'axe relationnel (espérer en quelqu'un) et l'axe temporel (espérer un bien futur) ; la rationalité de l'espérance, où l'on s'interroge sur le type de rationalité mobilisée dans les représentations de l'espéré et sur les raisons ou motivations de l'espérance.