Logiques opératives dans l’élaboration d’un curriculum de formation dans l’enseignement supérieur en Belgique francophone

L’enseignement supérieur en Belgique francophone fait l’objet de remaniements constants depuis 2004, redessinant le paysage de l’enseignement supérieur. Pour créer un nouveau programme, les établissements doivent obtenir une habilitation auprès d’un organe politique qui contrôle et valide les décisions prises par les établissements, encourageant fortement les partenariats lors de la création d’un programme alors que le contexte est coloré par la compétition et une enveloppe budgétaire fermée. Le présent article présente une recherche qui a étudié le processus d’élaboration d’un curriculum de formation diplômante réunissant trois organisations en s’intéressant aux actes et aux intentions des acteurs fondateurs du programme. En effet, il s’agit de dévoiler une partie de l’activité productive de l’élaboration d’un programme par des acteurs académiques, traitée essentiellement jusqu’à présent sous la « lunette » des bonnes pratiques. L’appareillage théorique ayant soutenu l’analyse articule sociologie de la traduction de Callon dans sa version 1986 et « logiques opératives », modèle créé à partir des logiques d’action issues de la sociologie des organisations qui s’est enrichi d’une dimension intentionnelle et projective. Les résultats de la recherche font apparaitre sept logiques opératives présentes dans les quatre étapes que sont la problématisation, l’intéressement, l’enrôlement, et la mobilisation donnant corps aux jeux des acteurs à négocier leurs intérêts et à produire un projet « commun » qu’est le curriculum.