Biographie (en néerlandais) de Maurice Maeterlinck (Gand 1862 - Nice 1949)

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Description

De son vivant, Maurice Maeterlinck aura certainement compté parmi les auteurs belges les plus influents. Ses premières pièces de théâtre (1889-1895) ont apporté un réel renouveau dans les pratiques dramatiques, marquées à l’époque par le romantisme et la tradition réaliste. Elles ont introduit l’esthétique symboliste auprès des artistes plasticiens et elles furent également une source d’inspiration pour des compositeurs tels que Debussy, Fauré, Watson, Dukas, Sibelius et Schönberg. La teneur morale des essais de Maeterlinck (regroupés dans Le trésor des humbles de 1896 et La sagesse et la destinée de 1898), eut une influence non négligeable sur les mentalités de ses contemporains ; les deux recueils ont marqué l’avènement de la ‘prose édifiante’ comme genre littéraire. D’autres oeuvres scientifico-littéraires comme La vie des abeilles (1901), L’intelligence des fleurs (1907) et La vie des termites (1926) mêlaient biologie et métaphysique en un tout harmonieux et étaient lues comme des ouvrages d’importance éthique et sociale. L’attribution du Prix Nobel de Littérature en 1911 a couronné la stature internationale de l’auteur.

Même après son installation en France en 1897, Maurice Maeterlinck est resté un ‘auteur flamand’ aux yeux de la critique internationale et c’est en tant que ‘Flamand’ que Maeterlinck se décrivait lui-même. Le fait qu’il écrive en français ne semble pas avoir influencé cette image de l’auteur. C’est d’ailleurs l’idée reçue que la Flandre était le berceau de ‘génies primitifs’ comme Ruysbroeck, Breughel ou Van Eyck qui a présidé à la réception de Maeterlinck en France, en Allemagne et en Europe de l’Est, dans les pays hispanophones et en Amérique. Qui plus est, l’oeuvre de Maeterlinck a contribué à l’identité culturelle de la Flandre (identité à laquelle nombre d’intellectuels flamands s’opposent encore de nos jours). C’est Karel van de Woestijne, contemporain de Maeterlinck, qui évoquait ses ‘pures racines gantoises’, racines qui ont donné une crédibilité ‘biologique’ à un symbolisme qui était plutôt germanique : cet ancrage flamand renforçait, aux yeux du lecteur de l’époque, l’authenticité d’une oeuvre qui puisait pourtant généreusement dans la littérature étrangère du XIXème siècle. Jusqu’à la deuxième guerre mondiale, les études menées sur Maeterlinck et son oeuvre regorgeaient de ce genre de caractérisation, déduisant un rapport de cause à effet entre son appartenance à la ‘race’ flamande, son apparence physique, le contenu de son oeuvre et son style littéraire.

Cette posture hybride - auteur francophone en Flandre et écrivain flamand en France - a été une des raisons du succès de Maeterlinck. Sa reconnaissance en tant qu’auteur le plus novateur depuis Zola est contemporaine de la naissance du symbolisme en Europe, cet ‘art de l’ambiguïté’ qu’évoque Guy Michaud. Maeterlinck a toujours su trouver une niche entre deux mondes distincts : entre Belgique et France (plus tard entre Europe et Amérique), entre fin-de-siècle et modernisme, entre darwinisme et mysticisme, entre socialisme et goût du totalitaire. L’existence de différents champs de force -esthétique, philosophique et politique- à l’origine desquels on retrouvait parfois l’écrivain lui-même, fait d’une biographie de Maurice Maeterlinck plus que la simple histoire d’une vie. Un tel travail doit dresser le portrait socioculturel de la haute-bourgeoisie flamande ; de la ligne de fracture qui séparait le Mouvement Flamand de la vision fransquillonne d’une Flandre idéalisée ; de la sous-culture des milieux littéraires parisiens à la fin du XIXème siècle ; des attentes d’un large public de lecteurs à la recherche de valeurs alternatives ; de la réussite d’une diffusion (et de ventes) mondiale, fondée sur une commercialisation minutieusement préparée ; de l’influence de deux guerres mondiales sur la radicalisation d’un artiste, du reste peu engagé dans les choses de ce monde ; des moeurs d’un bourgeois tiraillé entre le provincialisme et le cosmopolitisme mondain.

Outre le prisme qu’elle offre pour scruter l’histoire culturelle de l’époque, la vie de Maurice Maeterlinck est également intéressante du point de vue de la psychologie. Dans sa vie sociale et relationnelle, l’homme vivait des paradoxes pour le moins intrigants. C’était un homme de l’ombre qui attirait la lumière. Monstre d’éloquence sur papier, Maeterlinck était souvent peu disert en public, maladroit et même boudeur. Il a connu de longues périodes de dépression et de writer’s block. Quelquefois il était habité par des phobies et frôlait, à d’autres moments, la mythomanie. Dans sa relation avec l’actrice Georgette Leblanc (de 1895 jusqu’en 1918, date de son mariage avec Renée Dahon, 30 ans plus jeune que lui), il oscillait entre exaltation et sadisme. Pendant plus de vingt ans, les amants ont répété le cycle exaltation-rivalité-abandon-vengeance.

Bien que la littérature secondaire sur l’auteur soit assez riche et souvent proche de la biographie, il n’existe à ce jour aucune biographie de Maurice Maeterlinck. Le Maurice Maeterlinck. A Study of his life and thought de W.D. Halls (1960) a mal vieilli, est incomplet et quelquefois caricatural. La biographie Georgette Leblanc (1869-1941) (1998) de Maxime Benoît-Jeannin n’est que partiellement une biographie de Maeterlinck en ceci qu’elle ne couvre que la période 1895-1918, du point de vue de Georgette Leblanc. Les plus récents Maeterlinck. Een Nobelprijs voor Gent (2008) d’André Capiteyn et Maurice Maeterlinck, Des rêves habités (2011) sont richement illustrés et constituent des introductions intéressantes à l’auteur et à l’atmosphère de son époque mais ne sont pas des biographies. Les écrits autobiographiques ne peuvent pas plus combler le manque : Bulles bleues, écrit par Maeterlinck en 1948 sont des souvenirs de jeunesse rêvés par un vieil homme ; parallèlement, les Souvenirs de Georgette Leblanc (1931) sont teintés d’une rancune peu objective.

Perspectives biographiques
Relations entre la vie et l’oeuvre

Il va de soi que l’oeuvre de Maeterlinck sera largement discutée dans mon travail mais il ne s’agira pas d’une analyse littéraire approfondie de celle-ci. L’accent portera plutôt sur la genèse des différents textes de l’auteur, avec un bref compte-rendu de leur contenu et de leur réception. Il est impossible de lire systématiquement l’oeuvre de Maeterlinck, comme si elle était une copie conforme de sa vie. A l’occasion, mais pas systématiquement, je m’attarderai sur des métaphores souvent présentes dans l’oeuvre.
Inspiration, intertextualité et plagiat

En fait, je m’intéresserai plus aux lectures de Maeterlinck, dont il s’est largement inspiré, qu’au rapport causal entre vie et oeuvre : c’est plus dans sa bibliothèque que dans sa vie personnelle que l’on identifiera l’inspiration de l’oeuvre de Maeterlinck. Le fait que d’emblée, dès ses débuts littéraires, il a été considéré comme le prototype de l’auteur flamand, a occulté ses sources littéraires directes : les romantiques allemands et anglais, les préraphaélites et des romans néerlandais comme Max Havelaar et Camera Obscura. C’est une dimension où il est également profitable de mesurer le mythe à l’aune des faits. Maeterlinck s’est peu bridé quant à l’emploi et au réemploi de ses sources d’inspiration littéraires. Il a été accusé de plagiat à plusieurs reprises. Ces questions de plagiat seront également éclaircies.
Relation avec la Flandre

Un des fils rouges de ma biographie restera la relation qu’entretenait Maeterlinck avec la Flandre. Il s’agira d’éclaircir cette relation complexe au travers des différentes questions abordées. Pour sa maturité, on évoquera entre autres : le rôle de Van Nu en Straks vs. La jeune Belgique dans l’avant-garde belge ; l’amitié avec Cyriel Buysse ; l’article ‘Commémoration inutile’ écrit à l’occasion du 600ème anniversaire de la Bataille des Eperons d’or et la réaction qu’il a suscité au sein du Mouvement Flamand ; les réactions flamandes à l’attribution du Prix Nobel ; les interventions de Maeterlinck contre la première guerre mondiale ; son attitude face à la flamandisation de l’université de Gand ; la transformation littéraire de ses souvenirs d’enfance dans Bulles bleues. Autre sujet d’importance qui ne sera pas négligé : son bilinguisme.

Découvertes principales

Synopsis

L’ouvrage sera constitué de 9 chapitres d’environ 45 pages imprimées : 1. L’ombre des évènements futurs (1862-1881) ; 2. Avocat et poète (1881-1886) ; 3. A la lumière de Paris (1886-1890) ; 4. Un théâtre de rêve (1890-1895) ; 5. L’amant dit à la Belle : - Où est la Vérité? (1895-1903) ; 6. Une destinée fabuleuse (1903-1911) ; 7. Les débris de la guerre (1911-1918) ; 8. Vers d’autres horizons (1919-1934) ; 9. Avant le grand silence (1934-1949). Les chapitres seront à leur tour divisés en paragraphes de 3 à 5 pages, chacun avec un titre récapitulatif de deuxième niveau.
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Les dates de début/date réelle1/01/15 → …

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