Un laboratoire politique et institutionnel : les communautés urbaines entre Seine et Meuse, 1050-1250

Ce projet de recherche entend renouveler notre compréhension de
l’affirmation politique et de la construction institutionnelle des communautés
urbaines entre le milieu du XIe et le milieu du XIIIe siècle. Notre réflexion
aura pour cadre l’espace compris entre la Seine et la Meuse, caractérisé à
cette époque par la précocité et la force du dynamisme politique des
communautés urbaines, comme le sont au même moment le sillon rhénan
et le nord de l’Italie. Dans ce cadre, elle entend remédier à un retard
historiographique important, qui contraste fortement avec l’engouement
scientifique entourant cette problématique dans les deux autres foyers
européens ou touchant plus généralement la ville du bas Moyen Âge.
Considérant l’émergence des pouvoirs urbains comme un processus de
longue durée et pluridimensionnel, nous interrogerons l’institutionnalisation
des communautés urbaines au sens où l’entend la sociologie, c’est-à-dire à
l’inscription dans la durée d’une nouvelle forme d’organisation sociale. Pour
raisonner dans les termes de Max Weber, nous nous intéresserons d’abord
à l’association ('Verein') des citadins, à l’organisation de la communauté
urbaine en "corps informel" capable de peser sur le jeu politique hors de
toute reconnaissance formelle par son seigneur ; franchie l’étape de la
reconnaissance, nous interrogerons l’évolution et l’invention continue de la
communauté urbaine comme institution ('Anstalt'). Pour respecter les délais
impartis tout en visant des résultats concrets, cette étude impliquera un
nécessaire jeu d’échelles entre un cadre de réflexion élargi (l’Entre-Seineet-
Meuse, dans le contexte européen) et un cadre d’investigation réduit
(entre la Somme et l’Aisne) où l’on interrogera le phénomène dans toute sa
complexité et dans ses différentes dimensions sur base d’une étude
poussée des sources (politique, institutionnelle, juridique, social).