Séminaire organisé par l'université de Paris 1_Sorbonne (Institut des Sciences juridique et philosophique)

DEGRAVE, E. (Orateur)

Activité: Participation ou organisation d'un événement › Participation à un atelier/workshop, un séminaire, un cours

Description

Séminaire organisé par l'Institution des Sciences juridique et philosophique de Paris1-Sorbonne. Le traçage numérique du citoyen: un pacte avec le diable? Invitée: Elise Degrave.

Période	3 juin 2020
Type d'événement	Comité scientifique

Documents et liens

Dès le début du confinement, des sociétés privées ont proposé aux responsables politiques des applications numériques permettant de tracer les citoyens et leurs contacts dans le but de circonscrire l’épidémie. Dans l’urgence et la peur, la tentation était grande de laisser la technologie dicter la loi. Pourtant, loin de n’être qu’un défi technique ou une opportunité politique, le traçage est une question éminemment juridique, qui doit être nourrie d’un débat démocratique éclairé par des experts de toutes disciplines. Un des éléments à prendre en compte est l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui contraint les autorités de l’État à vérifier qu’une telle ingérence dans la vie privée des citoyens est nécessaire. Il est impossible, à cet égard, de faire l’impasse sur quelques interrogations cruciales. Un choix technologique un jour étant un choix de société pour toujours, le recours à une telle application est-il de nature à réaliser un équilibre entre les avantages et les risques qu’elle génère pour les citoyens, présents et à venir? Au-delà de leur aspect technique, ces risques ne sont-ils pas aussi démocratiques, puisqu’il s’agit pour l’État de demander aux citoyens de faire confiance à un outil technologique qu’ils ne comprennent pas et, partant, qu’ils ne sont pas en mesure de contrôler ? En outre, n’y a-t-il pas lieu de craindre que, progressivement, les algorithmes qui font fonctionner ces outils influencent, voire remplacent, les modes démocratiques d’élaboration des politiques publiques ? Par ailleurs, sommes-nous prêts à confier les clés de nos politiques publiques aux géants des Gafam, dont le citoyen peut se passer alors qu’il ne peut se passer de l’État ? Ce sont autant de questions abordées durant ce séminaire.