Libido sciendi: le savant, le désir, la femme

Peu étudié, le concept de libido sciendi est riche d'implications subversives. L'examen d'un ensemble de textes non littéraires (idéologiques, théologiques, psychanalytiques) révèle qu'il est souvent rapproché de la volupté ou libido sentiendi. Certaines idéologies minoritaires, comme le féminisme ou le socialisme militant, se le réapproprient volontiers et considèrent que la relation savant-objet traduit la relation humanité-nature. Étudiant un corpus d'œuvres principalement françaises mais aussi anglo-saxonnes et allemandes, mon essai se donne pour but d'éclairer sous un jour nouveau les rapports entre sciences et lettres et de démontrer que, dans l'imaginaire littéraire, l'histoire des sciences ne se présente pas seulement comme une histoire de la rationalité, mais aussi du désir et du sentiment. J'accorde une attention particulière au XIXe siècle, qui voit s'opérer la cristallisation de la science et du savant dans la fiction, et je prends également en compte les beaux-arts et d'autres formes artistiques comme le cinéma.