Le décor sculpté architectural, un outil de compréhension du chantier gothique en vallée mosane

Aline Wilmet

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Abstract

Au XIXe siècle, l’histoire de l’architecture en Belgique se définit selon une géographie artistique étroitement associée à l’émergence d’un sentiment national. Cette approche cède ensuite la place, dans la première moitié du XXe siècle, à une classification en écoles d’architecture régionales. Le chapiteau sculpté est très tôt utilisé dans la définition de ces écoles et a, dans ce but, fait l’objet de considérations typologiques ou stylistiques.
Conséquences logiques des avancées méthodologiques dans l’étude du patrimoine architectural médiéval, et notamment de l’archéologie du bâtiment, les réserves quant à l’existence de cette « kunstgeographie » se multiplient depuis les années 1980 et suscitent des recherches davantage focalisées sur le travail de la pierre (questionnements relatifs à l’approvisionnement en matériaux pierreux, au façonnage et à la mise en œuvre de ceux-ci, analyse des traces d’outils, etc.). Néanmoins ces nouvelles approches sont davantage centrées sur les maçonneries communes que sur l’ornement sculpté, ce dernier n’occupant qu’une place marginale dans ces recherches novatrices. En Belgique, ces études commencent à se multiplier à la fin du XXe siècle, même si elles n’envisagent alors qu’un nombre réduit de monuments médiévaux. L’analyse de l’ornement sculpté, est dès lors confrontée à certaines difficultés méthodologiques dès lors que l’histoire de certains sites majeurs de la région envisagée ne bénéficie pas toujours de travaux récents.
En vallée mosane, quelques édifices bénéficient depuis peu d’études approfondies réservant une place importante à l’analyse archéologique interdisciplinaire des techniques de construction. Située en plein cœur de la cité épiscopale de Liège, la collégiale Saint-Paul est au centre de ces problématiques de recherche. Ce bâtiment bénéficie d’une datation dendrochronologique précise de ses charpentes ainsi que de l’apport de deux projets de recherches ayant pour objet l’étude la pierre dans la construction de ce chantier. Un échafaudage, installé pendant plusieurs mois dans la nef pour la pose de nouveaux vitraux, a favorisé une analyse systématique de tous les ornements habituellement hors d’atteinte (enregistrement des traces d’outils, adaptations en œuvre, analyse métrique et métrologique des assises, identification des matériaux, relevé et interprétations des marques lapidaires, critique d’authenticité, etc.). L’étude approfondie de ce bâtiment a permis d’affiner la méthode d’analyse de l’ornement sculpté associant approche matérielle et stylistique du décor, une méthode appliquée par ailleurs à un corpus conséquent d’édifices religieux de la région, tous statuts confondus. L’analyse matérielle livre de nouvelles données concernant l’organisation des campagnes de construction et la planification de la mise en œuvre des ornements dans le chantier. L’analyse formelle, couplée aux enregistrements matériels, tend à identifier les modèles popularisés sur les chantiers mosans et à en caractériser la variabilité dans le temps et dans l’espace. Ces recherches permettent d’ores et déjà de préciser la phasage de plusieurs chantiers mosans et de remettre considérablement en question le rôle du « chapiteau mosan » en tant que critère de caractérisation de l’architecture de la vallée mosane.
Original languageFrench
Title of host publicationL’ornement : diffusion, réception, perception
Subtitle of host publicationRencontres doctorales de l'Université de Bourgogne
PublisherAPAHAU
Publication statusSubmitted - 2015
EventDoctorales de l'Université de Bourgogne - Dijon, France
Duration: 13 Nov 201414 Nov 2014

Seminar

SeminarDoctorales de l'Université de Bourgogne
Country/TerritoryFrance
CityDijon
Period13/11/1414/11/14

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