Abstract
Cet article propose une lecture du roman inachevé d'Octave Mirbeau, "Dans le ciel" (1892-1893) dans la perspective d'une réflexion sur le "roman de peintre" illustré au XIXe siècle par Balzac, les Goncourt et Zola. Tout en situant explicitement son récit dans cette "tradition", Mirbeau pousse l'expérience romanesque plus loin que ses prédécesseurs, pour qui l'échec tragique du peintre semblait garantir le succès de l'écrivain et l'existence du livre. Le narrateur se laisse en effet "contaminer" par la faillite de l'artiste, renonçant à toute velléité d'écriture, imité par le romancier lui-même qui abandonne son texte à l'état fragmentaire. En voulant se démarquer du modèle naturaliste, Mirbeau cherche à fixer sur le papier, à l'instar des peintres impressionnistes, les formes insaisissables d'une réalité évanescente. Tentative de réponse à une question obsédante : comment décrire des "toiles où il n'y aurait rien", à l'image d'un monde qui semble en voie de dissolution, livré à la tyrannie de fuyantes apparences '
Original language | French |
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Pages (from-to) | 197-217 |
Number of pages | 21 |
Journal | Narratologie |
Volume | 6 |
Publication status | Published - 2005 |