De l’écriture et des fragments : littérature, culture, arts

  • Atinati Mamatsashvili (Contributor)

Activity: Participating in or organising an event typesParticipation to a Symposium, a study Day

Description

Témoigner de l’expérience concentrationnaire : des fragments de vies dans l’« enfer » du Goulag Les Traces de la Kolyma, poème du peintre et poétesse géorgienne appartenant à la famille royale Mariam Bagrationi (1910-1992), est composé pendant sa détention dans les camps de la Kolyma en 1956. Le poème, la première fois publié en 2010, écrit en russe et accompagné de quelques dessins réalisés pendant la détention, représente un témoignage exceptionnel sur l’expérience concentrationnaire. Une représentation fragmentaire des portraits, des paysages ou des événements qui se posent en événements-bribes et se transforment en « non-événements », si on emprunte la formule à Michel Tereschenko, semble évoquer les célèbres Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov. Sur quelques douzaine de pages plusieurs « portraits » sont dressés, quelques noms cités, l’« héroïsme » d’une banalité propre au lieu est évoqué, côtoyé d’un conformisme identiquement banal, d’où s’absente tout le pathétique. Les données purement documentaires, sans provoquer une frayeur excentrique, rappellent quelquefois les phrases déchirées mais concises de Marina Tsvetaeva. Si Chalamov note à propos de ses propres récits qu’il « n’y a ni intrigue, ni caractère à proprement parler », on peut appliquer la formule identique au texte de Bagrationi qui se présente comme une suite de fragments de vies interposés. La parole, à l’instar de l’émotion, est quasi-absente de ce lieu d’« enfer ». Les Traces de la Kolyma, où les destins se réduisent parfois à une seule ou deux lignes, inachevés, donne lieu vers la fin à la naissance d’un nouveau-né « Kolymien» dont l’histoire s’interrompt, en abandonnant aux « autres » la charge de prolonger cette brisure intercalée.
Period20 Mar 201422 Mar 2014
Event typeSymposium
LocationMulhouse, FranceShow on map